Les origines
C’est au Xe siècle qu’apparaît pour la première fois la mention d’Elbeuf, sous la forme de Wellebou, dans une charte de Richard 1er de Normandie.
Toutefois, des découvertes archéologiques attestent d’une présence humaine plus ancienne, dès la période paléolithique.
La villa gallo-romaine, sur l’une des collines d’Elbeuf au lieu-dit Le Val Caron, est un habitat de type rural fréquenté du Ier siècle avant J.-C. au IVe siècle après J.-C.
Elbeuf, cité drapière
Dans la ville, serpente le cours d’eau du Puchot. Très tôt, des teinturiers s’installent le long de ses rives car la tradition orale lui attribue des vertus bénéfiques au lavage de la laine. Ainsi, malgré sa petitesse et son faible débit, le Puchot est à l’origine de l’activité drapière et du développement de la ville.
Le drap d’Elbeuf est apprécié très tôt pour sa qualité exceptionnelle. Colbert contribue à asseoir sa réputation dans le royaume et au-delà des frontières en créant en 1667, la manufacture du drap d’Elbeuf dite Manufacture royale.


À la fin du XVIIIe siècle, les métiers tournent à plein régime, attirant une main d’œuvre nombreuse. Bonaparte dit d’Elbeuf, lors de sa visite en 1802 : « Elbeuf est une ruche, tout le monde y travaille ! ». La ville conserve, en sa mémoire, la ruche et les abeilles sur ses armoiries.
Pour qui découvre Elbeuf au XIXe siècle, voire au XXe siècle jusqu’en 1979, la ville fourmille et bruisse du ronronnement des machines. Il s’y fabrique le drap de laine uni, le plus souvent destiné aux vêtements d’uniforme ou du clergé. Puis, vers 1840, l’apparition des « nouveautés », créations de laine à fils de couleurs, accroît la renommée d’Elbeuf.
L’industrialisation de la fabrication du drap modèle durablement le visage de la ville. Dès 1817, l’apparition de la machine à vapeur puis du métier Jacquard engendrent une architecture nouvelle des lieux de production. La cheminée devient rapidement l’emblème de la cité industrieuse ce qui lui vaudra l’appellation de « ville aux 100 cheminées ».
Puis, l’installation d’industriels alsaciens dans les années 1870, suite à l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne, intensifie le processus. Parmi eux, Bernheim, Bloch, Herzog, mais aussi Blin et Fraenckel qui migrent avec tous leurs ouvriers. Blin édifie une usine-ville où sont regroupées toutes les étapes de la fabrication du drap. Elbeuf connaît alors une période de grande prospérité. On peut encore aujourd’hui en admirer les traces. Quelques exemples : les maisons de maîtres du Cours Carnot, chef d’œuvre du classicisme, le Cirque-Théâtre, l’apparat architectural de l’hôtel de la Chambre de commerce et le majestueux Hôtel de ville.
Le patrimoine d’Elbeuf
Forte d’un patrimoine industriel hérité de quatre siècles d’activité drapière, la ville d’Elbeuf sur Seine possède un centre ancien remarquable constitué de maisons à colombage et d’anciennes manufactures.
Ce patrimoine fabuleux ainsi que la volonté municipale de valoriser et médiatiser la ville, lui valent le surnom d’« Elbeuf, cité drapière ». Ce titre est couronné, en 2004, par l’obtention du label « Ville d’art et d’histoire » décerné par le ministère de la Culture et de la Communication. Cette reconnaissance est étendue, en 2008, à toute l’agglomération elbeuvienne avec le label « Villes et Pays d’art et d’histoire ». Elle est, depuis 2011, étendue à tout le territoire de la Métropole Rouen Normandie.
À Elbeuf sur Seine, ce label récompense outre le patrimoine industriel, l’ensemble du bâti classé ou inscrit « Monuments historiques », les églises aux toits atypiques pour la région, les vestiges gallo-romains, mais aussi le patrimoine naturel.

Ce label se traduit notamment par deux éléments forts :
- Un animateur du patrimoine (recruté avec l’aide de l’État) et une équipe de guides-conférenciers agréée par le ministère de la Culture vous accompagnent dans votre découverte du patrimoine du territoire d’Elbeuf sur Seine.
- Un Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine qui est au patrimoine ce que les musées sont aux œuvres d’art : un espace vivant de la mémoire collective. Il accueille des expositions et animations (Fabrique des savoirs).
Implantation des panneaux d’informations touristiques sur les lieux patrimoniaux de la ville :
Le patrimoine archéologique
La villa gallo-romaine du Val Caron a été découverte en 1981 sur le site du Buquet à Elbeuf, au lieu-dit le Val Caron. Les fouilles ont fait apparaître un habitat précoce, aux murs de torchis et pisé, et une grande villa à double galerie, occupée du Ier siècle au milieu du IVe siècle. Les fondations de la villa ont été restaurées : reconstruction des fondations en matériaux durs, aménagement d’un jardin archéologique, reconstitution de l’installation de chauffage gallo-romaine découverte en sous-sol. De nombreux objets en os, fibules, céramiques, verreries découverts lors des fouilles archéologiques sont exposés dans le musée d’Elbeuf au sein de la Fabrique des savoirs.
Pour plus d’infos sur la villa du val Caron, vous pouvez lire l’article ci-dessous :
Verlut Romain. La Villa du Val Caron . In: Annales de Normandie , 34ᵉ année, n°1, 1984. pp. 105-112

Le patrimoine religieux
Ce patrimoine est marqué par la présence de deux églises du XVe et XIXe siècle dotées d’objets sacrés classés ou inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
- L’église Saint-Étienne est construite en plusieurs étapes (entre le XVe et XIXe siècle) dans le quartier du Puchot, cœur historique de la ville qui s’est développé autour du cours d’eau. Elle accueille notamment le vitrail des Tisserands, offert par la confrérie des Tisserands en 1514.
- L’église Saint-Jean, dont la tour de style gothique servait de tour de guet pendant la Seconde Guerre mondiale, date des XVIIIe et XIXe siècles. Elle est dotée de 11 verrières exceptionnelles du XVIe siècle.
- L’église Immaculée conception est construite dans la seconde moitié du XIXe siècle et desserre un nouveau quartier de la ville. Elle se compose d’un ensemble architectural et mobilier homogène de style néogothique.
- La synagogue, inaugurée en 1909, est liée à l’histoire industrielle de la ville. Construite en pierre de taille et ornée de l’Étoile de Salomon à cinq pointes, elle se singularise par la forme de ses baies, en arc outrepassé, de style oriental. Fermée depuis 1995, elle est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 2009. S’est créée à New York une association américaine des Amis de la synagogue d’Elbeuf.

Le patrimoine architectural
La Ville s’attache à sauvegarder et restaurer ce patrimoine remarquable qui date du XVIIIe au milieu du XXe siècle.
1. XVIIIe siècle
- Nombreuses manufactures à pan de bois, composées d’ateliers sur cour et du logis patronal sur rue (exemple : manufactures Charles Houiller ou Clarenson).
- Hôtels particuliers et maisons à pans de bois, dont la plus prestigieuse est la maison de 1740.
2. XIXe siècle
Ce patrimoine, caractérisé par la brique et la pierre, prédomine dans la ville.
- Sites industriels dotés d’éléments architecturaux spécifiques (façades aux baies cintrées, appareillage bicolore en brique…), tels que les usines Gasse et Canthelou, Fraenckel Herzog, Blin et Blin, etc.
- Maisons bourgeoises, maisons de maître (maisons patronales Paul Franklin, Blin, Grandin…), édifices institutionnels, lieux de spectacle tels que le Cirque-Théâtre (l’un des huit derniers cirques en dur de France), Hôtel de ville, Chambre de commerce et d’industrie, Hôtel des postes, etc.
3. XXe siècle
- Bâtiment des Bain-Douches datant des années 1930, aujourd’hui lieu de spectacles et de médiation culturelle
- Reconstruction du centre-ville, confiée à l’architecte Marcel Lods entre 1950 et 1964, en témoigne le cinéma Grand Mercure conçu en 1960 par Marcel Lods et Raymond Laquerrière
- Pont suspendu Guynemer, réalisé en 1953
- Reconversion, en 1985, des usines Blin en logements. Puis installation en 2010 de la Fabrique des savoirs dans l’un des bâtiments rénovés de l’ancienne usine.

Prix Auguste Perret
La réhabilitation de l’usine Gasse et Canthelou, réalisée par l’agence Philippe Lemonnier, a remporté le prix Auguste Perret en 2010. Ce prix, décerné par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) de Haute-Normandie et le CAUE (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement) de Seine-Maritime, est destiné à récompenser, alternativement tous les deux ans, soit une œuvre d’architecture contemporaine soit une réalisation d’urbanisme et de paysage.
Le patrimoine environnemental
Lovée entre l’un des plus beaux méandres de la Seine et des coteaux forestiers, Elbeuf sur Seine compte 1200 hectares de prairies et forêts.
Les collines, les vallées, les falaises, la Seine, ses berges et les forêts façonnent le territoire et sont très présents dans le paysage urbain.
Hormis quelques bois communaux de faible étendue, les massifs forestiers de l’agglomération d’Elbeuf constituent un atout important, dans la mesure où ils constituent un véritable poumon vert pour la population. La forêt d’Elbeuf a été classée en Zone naturelle d’intérêt faunistique et floristique (ZNIEFF).
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