Anny Duperey à Elbeuf en juin

Crédit photo : François Pugnet

Anny Duperey

Crédit photo : François Pugnet

Anny Duperey sera au Cirque-Théâtre d’Elbeuf vendredi 8 juin à 18h30, dans le cadre d’Elbeuf à la page, pour parler de son livre Le rêve de ma mèreLa promesse d’une belle rencontre. Interview.

 

Pourquoi se replonger dans une autobiographie 25 ans après Le Voile noir dans lequel vous écrivez sur la mort de vos parents quand vous aviez 8 ans ?
Dès que j’ai retrouvé le Cirque-Théâtre d’Elbeuf*, que je pensais détruit, au début des années 2000, j’ai eu envie d’écrire ce livre. Au milieu de ce cirque, j’ai eu comme une révélation : tous les hasards qui me sont arrivés dans ma vie ne sont-ils pas dus à l’influence de quelqu’un ? J’ai longtemps hésité avant de me lancer ; ce livre n’était pas irrémédiablement nécessaire comme Le Voile noir. Mais je voulais me poser cette question du rôle que les morts jouent dans nos vies. Quels avaient été les rêves inaccomplis de ma mère ? Est-ce que cela m’avait influencé, sans que je m’en rende compte ?

Qui était votre mère ?
Presque une inconnue pour moi ; j’imaginais plein de choses mystérieuses sur elle. J’avais toutefois pu observer sur les photos d’elle, qu’avant ma naissance elle avait l’air très épanouie alors qu’après, elle était plus mélancolique, plus sombre. J’ai été la cause de l’abandon de ses rêves. J’en suis convaincue. Elle aurait préféré avoir un métier, continuer son travail de photographe aux côtés de mon père. Elle aimait le milieu du spectacle dans lequel elle a grandi. Mais à l’époque, il n’y avait pas de nounou pour les familles modestes comme la mienne. Un bébé représentait la fin des rêves, l’arrêt d’un métier. Alors je me dis que si elle a arrangé un peu ma vie afin que cela compense la fin prématurée de la sienne, je suis d’accord. Il était chouette son rêve.

Pourquoi pensez-vous qu’elle a arrangé votre vie ?
J’ai le sentiment d’avoir toujours eu des signes qui me poussaient vers tel ou tel chemin. En voici un que je n’ai pas mis dans mon livre. J’étais en train de terminer l’écriture du Voile noir que je devais rendre le 15 septembre à l’éditeur et j’avais le moral au plus bas. J’avais donc dit à mon agent que j’aimerais jouer dans une comédie, un scénario léger. Au mois d’août, il m’appelle : « C’est extraordinaire, on te propose exactement ce que tu veux. Et ça commence tout de suite. » Je lui réponds que ce n’est pas possible immédiatement parce que je dois terminer mon livre pour le 15. Et là, il me répond : « Ça tombe très bien, le tournage commence le 16 ! » Et ce n’est pas fini, en discutant avec le metteur en scène avant le tournage, j’apprends que lui aussi a perdu ses parents quand il était enfant. Une famille formidable est sortie exactement en même temps que Le voile noir, les deux faces de ce que je suis.

Dans ce livre, vous racontez votre incroyable parcours professionnel. Vous avez eu plein de vies ?
Oui, plein de vies ! L’autre jour, un photographe m’a envoyé une photo de moi, prise dans les années 1970, en voiture avec les Rolling stones. Quand j’ai vu la photo, je me suis demandé si c’était vraiment moi. Je n’ai aucun souvenir de ce moment. Ils n’ont pas dû me faire beaucoup d’effets ! […] Je n’ai jamais eu de grands rêves, la seule chose qui m’importe c’est de bien faire ce sur quoi je travaille. J’ai donc avancé, avec légèreté, au gré des propositions ce qui m’a mené vers des rôles, des expériences très variés. L’une des questions auxquelles je ne sais pas répondre c’est : « Quel est le rôle que vous rêveriez jouer ? » Je ne peux que répliquer : « Le prochain et, si possible, très différent de celui que je viens de faire. »

 

Pense-t-on aux lecteurs quand on écrit une biographie ? Bien sûr. Je m’adresse à quelqu’un à qui je veux faire comprendre une idée, un sentiment… J’avais un peu le trac à la sortie de ce livre ; j’ose dire tant de choses. Je confie mes questionnements sur un sujet un peu troublant. J’étais aussi inquiète que ce soit perçu comme un texte égocentrique. Suite à l’aventure du Voile noir pour lequel j’ai reçu plus de 1800 lettres renversantes de lecteurs, j’ai une grande confiance en eux. C’est ce qui m’a permis d’oser. Une dame m’a dit récemment lors d’un salon : « Madame, s’il vous plaît, n’ayez pas peur, votre confiance honore vos lecteurs. » Je la remercie.

*Le grand-père maternel d’Anny Duperey a été projectionniste au cirque-théâtre jusqu’en 1942, date de la fermeture du lieu. Sa grand-mère, couturière, tenait la caisse occasionnellement. Sa mère a passé beaucoup de temps dans ce lieu jusqu’à ses 19 ans.

Rencontre le vendredi 8 juin à 18h30, Cirque-Théâtre d’Elbeuf Séance de dédicaces avant la rencontre à 17h30.
Réservations au 02 32 13 10 50 ou par mail billetterie@cirquetheatre.com

 

 

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